Comment l’épigénétique peut améliorer notre prise en charge?
L’épigénétique, ou l’étude des changements dans l’activité des gènes, prend de plus en plus de place au sein des débats scientifiques, car elle étonne.
Comment expliquer qu’une larve d’abeille deviendra tantôt reine ou ouvrière en fonction de la façon dont elle est nourrie, ou pourquoi le même œuf peut éclore mâle ou femelle en fonction d’un simple changement de température?[1]
Ainsi, serions-nous définis nos caractéristiques personnelles, nos habitudes, nos modes de vie ? Nos traumas pourraient-ils s’inscrire dans nos gènes, et surtout, pouvons-nous avoir un quelconque impact sur ceux-ci ?
C’est la question que se pose la communauté scientifique, qui étudie de près comment nos gènes évoluent et par quel processus se transmettent des caractéristiques censées être propres à un individu. De la même manière, comment l’environnement dans lequel la cellule s’épanouit affecte celle-ci de manière “irréversible” et marque son génotype ?
Ce constat fascinant d’un impact environnemental et d’une transmission génétique de caractères nous permet d’envisager notre propre génétique de manière complètement différente. Certaines caractéristiques, telles que nos goûts, nos prédispositions à tel ou tel comportement, ou encore nos faiblesses constitutionnelles pourraient s’expliquer grâce à cette transmission génétique, héritage de nos conditions de vie, de nos parents mais aussi peut-être, de nos ancêtres plus lointains.[2]
On observe également que le stress affecte le génotype, et le transforme radicalement. Une étude menée par des chercheurs allemands a démontré que des souriceaux, ayant été séparés de leur mère trois heures par jour pendant 10 jours, subissant donc un stress, en porte la marque épigénétique permanente sur le gène responsable du codage de la protéine de stress, la vasopressine. On constate donc un lien entre cette marque épigénétique et le stress.
Le génome humain peut lui aussi être affecté. Une étude sur des cerveaux de personnes décédées, qui ont été conservés pour la recherche, a démontré que des marques épigénétiques étaient présentes sur le gène NR3CI, qui fut modifié dans l’hippocampe chez les personnes victimes de suicide ayant été abusées dans leur enfance. Le stress infantile subi aurait affecté de manière irréversible leur génotype, et donc peut-être, leur comportement à l’âge adulte.
Pour autant, devons-nous penser que nous sommes prédestinés par notre génotype, à certains comportements ou maladies, sans n’avoir aucun pouvoir de renverser la tendance?
La réponse reste floue, mais ce qui est sûr, c’est que si notre génotype est capable de se modifier une fois, c’est la preuve de sa capacité d’adaptation et de sa plasticité. Ainsi, si l’on suit cette logique, il serait possible de “coder” de nouvelles modifications génétiques positives, ou tout au moins apporter des évolutions positives grâce à une attention particulière portée à notre environnement, à notre qualité de vie et à notre niveau de stress.
Le sujet de l’impact du traumatisme et de ses multiples effets négatifs sur le génotype, particulièrement chez les personnes ayant été marquées par un stress post traumatique, est peut-être ce qui doit attirer notre attention chez les patients/consultants souffrant de maux apparus soudainement à la suite de chocs émotionnels, et ne trouvant pas d’explications organiques.
Le caractère héréditaire des effets du trauma et son impact sur le génotype pourraient peut- être être renversés par un traitement des mémoires traumatiques, ainsi également que les effets du stress, notamment oxydatif, sur l’organisme, afin de sécuriser le patient et le ramener d’un état de survie à un état de sécurité.
La maladie étant de causes multifactorielles, il est intéressant de se pencher sur l’origine génotypique des conditions ayant permis son apparition, afin d’offrir au patient/consultant le plus large panel d’explications et de solutions pouvant favoriser son retour vers la pleine santé, et de ne pas se résoudre à la fatalité d’une maladie, d’un tempérament, ou de faiblesses héréditaires. Le patient/consultant devient ainsi acteur-trice de sa “guérison”, et comprend mieux l’origine de ses maux.
La recherche nous apportera peut-être bientôt davantage de réponses sur ce mystère qu’est le génome humain et nous permettra d’aborder le patient/consultant dans une vision holistique la plus complète possible.
Auteure : Chiara PORTE-HAQUIN, étudiante au CMDQ
https://www.chiaraportehaquin.fr/
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[1] Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pig%C3%A9n%C3%A9tique
[2] Source : Mamouth Magazine, n°9 de janvier 2011
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