Au cours de votre pratique, vous allez être amenés à recevoir des enfants ou des adolescents atteints de troubles neuro-développementaux, comportants : les handicaps intellectuels, le TDAH (ADHD), Trouble du Spectre Autistique (TSA), Troubles de l’apprentissage (Dys), les troubles moteurs et les troubles de la communication. Ces termes désignent un développement neuronal et cérébral retardé, différé ou différent de la norme établie, faisant des individus atteints de “neuro-atypiques” ; en opposition aux “neurotypiques”. Les troubles du développement prennent leur origine dans la période prénatale ou périnatale et s’expriment par une perturbation de l’acquisition des habiletés développementales telles que la motricité fine et globale, le langage, les habiletés sociales et personnelles, la cognition ainsi que les activités de la vie quotidiennes. Chez les personnes atteintes du TSA par exemple, ce sont les habiletés sociales et la motricité fine qui vont être les deux expressions principales, tandis que cela va être la perturbation des activités quotidiennes chez les personnes atteintes d’un TDAH, en raison de leur déficit attentionnel aigu. Nous n’allons ici, pas nous arrêter sur chacun des ces troubles spécifiquement, mais vous démontrer comment la naturopathie, et plus particulièrement la micronutrition peut intervenir comme une méthode de “prendre soin” à part entière – nous prendrons comme exemple le trouble TSA et TDAH afin d’illustrer deux cas cliniques.
La micronutrition et l’analyse du terrain TDAH :
Comme dans n’importe quel accompagnement naturopathique, nous commencerons par une anamnèse du consultant, afin de comprendre et analyser son terrain.
Ici, nous prendrons le cas du jeune Lucas, 8 ans, atteint d’un TDAH avec hyperactivité et d’un trouble de l’apprentissage dys. Il est suivi par une AVS, qui l’aide avec ses tâches scolaires, ainsi que par une psychologue spécialisée. Lucas montre des signes d’un trouble oppositionnel important : il frappe, il mord, il n’arrive pas à communiquer ses émotions calmement et se montre agité, notamment au moment du couché. Il peut s’énerver à tout instant et se montrer agressif. Il souffre d’insomnies et d’angoisses.
Ses parents viennent vous consulter en deuxième intention, sur les recommandations du médecin traitant, sensibilisé à l’approche micro-nutritionnelle. Il est sous méthylphénidate, le traitement standard donné aux enfants TDAH hyperactifs. Il ne souffre d’aucune autre pathologie majeure, n’a subi aucune intervention et n’a pas d’intolérances.
Lucas à réalisé des analyses sanguines récemment, et celles-ci se sont révélées bonnes ; mais vous décidez d’entreprendre un bilan micro-nutritionnel complémentaire plus poussé, qui révèle tout d’abord une carence en zinc ; or il a été observé dans une étude publiée dans le Turkish Journal of Psychiatry que le taux de zinc est déficient chez ce genre de profi 1 avec trouble oppositionnel. La corrélation est observable, bien qu’encore floue pour les chercheurs ; cependant, une supplémentation en zinc permet d’apaiser l’enfant et lui permet de faciliter la régulation de ses comportements limites.
Vous démarrez donc une supplémentation en zinc afin de faire remonter son taux. Puis, le bilan micro-nutritionnel révèle une carence en magnésium ; celle-ci étant très répandue dans la population adulte, nous préconisons souvent une supplémentation quasi constante.
Or, selon une méta-analyse publiée en 2019, les sujets atteints de TDAH ont des taux sériques de magnésium inférieurs à ceux de leurs témoins sains. Il a été montré qu’il existe une relation entre la carence en magnésium sérique et le TDAH2.
Cette méta-analyse a été suivie par une étude en 2020 qui combine un traitement vitamine D+ magnésium sur 8 semaines, avec pour résultat une baisse des symptômes suivants, liés au trouble TDAH :
– problème de conduite
– problème sociaux
– Anxiété & timidité
Cette étude suggère que le magnésium joue un rôle capital dans la régulation de plusieurs fonctions cérébrales, assurant le fonctionnement des neurotransmetteurs tels que la dopamine, la norepinephrine et la sérotonine, pouvant donc conduire à faire du magnésium un agent de traitement non-invasif et efficace.
Vous décidez donc d’entamer également une supplémentation en magnésium à raison de 6 mg / kg / jour.
Hors micronutrition, vous mettrez en place un plan phytothérapeutique (HE notamment) afin de gérer les angoisses et les problèmes de sommeil ; vous recommanderez également déréduire le sucre raffiné au maximum.
TSA et microbiote :
Penchons-nous à présent sur notre deuxième et dernier cas : la jeune Lucile, 12 ans, atteinte d’un TSA (type ‘Asperger’) sans déficience intellectuelle, diagnostiqué à l’âge de 10 ans. Sa mère vient vous consulter pour ses maux de ventre récurrents, ainsi que son agitation ; Lucille, contrairement à Lucas, ne souffre pas de trouble oppositionnel, mais présente un tableau clinique compliqué : elle est isolée à l’école, ce qui lui cause, selon sa mère des “angoisses” qui jouent sur son transit. Ses selles sont molles, fréquentes et douloureuses. Elle se plaint de maux de ventre quasi permanents. Elle est également agitée et se stimule très violemment d’avant en arrière3.
3 Les autistes ont besoin de décharger ; voilà pourquoi on dit qu’ils se stimulent, c’est-à-dire, qu’ils vont effectuer des mouvements répétitifs leurs permettant de réguler leur système nerveux central.
2 Effatpanah M, Rezaei M, Effatpanah H, Effatpanah Z, Varkaneh HK, Mousavi SM, Fatahi S, Rinaldi G, Hashemi R. Magnesium status and attention deficit hyperactivity disorder (ADHD): A meta-analysis. Psychiatry Res. 2019 Apr;274:228-234.
1 orbik O, Olgun A, Kirmizigül P, Akman S. Karşi Olma Karşi Gelme Bozukluğunda Plazma Cinko veBakir Düzeyleri [Plasma zinc and copper levels in boys with oppositional defiant disorder]. Turk Psikiyatri Derg. 2004 Winter;15(4):276-81. Ses analyses de sang sont bonnes, mais après une analyse du microbiote par les selles , on constate une baisse de la bactérie Lactobacillus reuteri4.
En effet, de nombreuses études longitudinales, menées sur des cohortes humaines et animales, se sont penchées sur l’incidence du microbiote sur les symptômes comportementaux autistiques. On constate que les personnes autistes ont un microbiote
différent des neurotypiques et que certaines transplantations fécales réalisées sur des cohortes autistes ont permis de réduire les symptômes. On connaît mal l’origine même de l’autisme qui est pourtant, en grande augmentation dans la population ; selon l’OMS, 1 enfant sur 160 en serait atteint. La cause est probablement un mélange d’origine environnementale et génétique. Mais le microbiote semble être selon de nombreuses études américaines et françaises, une piste sérieuse pour “traiter”. Chez Lucile, la baisse de la présence de Lactobacillus reuteri se conforme à l’étude menée sur des souris5 , qui montrent que Lactobacillus reuteri est particulièrement faible chez les sujets porteuses du gène SHANK3, présent chez les autistes. Sa supplémentation en micro-nutrition permet de réduire l’agitation stimulatrice, améliorer les facultés cognitives et moteurs, et réguler son transit.
Mais comment les bactéries du microbiote sont-elles connectées au cerveau ? Et bien par le nerf vague, grand embranchement nerveux qui relie notre premier et notre deuxième cerveau, les intestins. Les bactéries envoient des signaux par le nerf vague qui augmente à leur tour, le taux d’ocytocine, une hormone responsable de l’attachement, contribuant à, visiblement, améliorer le comportement chez les personnes autistes. Hors micro-nutrition, vous mettrez en place un plan diététique, phytothérapeutique et gestion du stress en place, afin d’apaiser Lucile.
Conclusion :
La micronutrition fait chaque jour, des avancées spectaculaires, mais elle est particulièrement efficace dans le domaine des neuro-atypies. Alors que de plus en plus d’individus et notamment des enfants, sont diagnostiqués avec des troubles neuro-développementaux , nous devons agir, en tant que praticien.ne.s de la médecine de demain. La naturopathie plus largement, à son rôle à jouer dans la prise en charge de ces troubles, prise en charge qui se doit d’être multi-disciplinaire et en lien avec les avancées de la science.
4 https://www.vulgaris-medical.com/nutrition/probiotique/lactobacillus/reuteri-avis/autisme5 https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0031938422002712
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