Face à des maladies chroniques comme les allergies sévères, les maladies inflammatoires de l’intestin ou certaines pathologies auto-immunes, certains patients en échec thérapeutique explorent des voies alternatives. Parmi elles, l’autothérapie helminthique suscite un intérêt croissant : elle consiste à introduire volontairement dans l’organisme des vers intestinaux (appelés helminthes), des parasites naturels de l’être humain. L’objectif ? Réduire l’inflammation et calmer un système immunitaire devenu trop agressif.
Cette pratique, encore expérimentale, se développe en dehors des circuits médicaux traditionnels, notamment via des groupes d’entraide en ligne. Certains y voient un parallèle avec la phagothérapie (utilisation de virus pour cibler des bactéries), également remise au goût du jour face à certaines impasses thérapeutiques.
Le lien entre hygiène excessive et explosion des maladies auto-immunes a été mis en évidence par la recherche depuis plusieurs décennies. Dans des pays industrialisés, où les campagnes de déparasitage ont presque éradiqué ces vers, on constate une hausse significative de maladies chroniques inflammatoires. Des études ont alors tenté de réintroduire certains parasites dans un cadre contrôlé, avec des résultats parfois très encourageants : aux États-Unis, par exemple, une étude a montré une amélioration chez des patients atteints de la maladie de Crohn après ingestion d’œufs d’helminthes.
Un journal scientifique, le Journal of Helminthology, rattaché à l’Université de Cambridge, compile depuis 40 ans les recherches sur cette approche. Il rappelle que les helminthes ont déjà démontré leur potentiel dans le traitement de maladies inflammatoires, auto-immunes, mais aussi de troubles comme la dépression ou l’anxiété.
Cependant, cette autothérapie soulève de nombreuses questions éthiques et médicales. Pratiquée sans encadrement professionnel, elle n’est pas sans risques. Elle incarne à la fois l’audace des patients en quête de solutions… et la nécessité d’un dialogue ouvert entre innovation thérapeutique et sécurité.
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