Le règne végétal recèle bien des secrets & offre à qui prend le temps de bien observer, de nombreux enseignements.
Les plantes sont partout autour de nous : dans nos rues, nos campagnes, nos maisons, nos assiettes… Pourtant, nous ne prenons pas le temps de véritablement les observer, & de comprendre comment, par ce regard, nous pouvons en tirer profit !
La théorie des signatures est une théorie fascinante qui nous vient de nos ancêtres, & qui nous enseigne comment partout autour de nous, la nature met à notre disposition de merveilleux outils de soin & de bien-être.
Qu’est-ce que la théorie des signatures1 ?
La théorie des signatures est une théorie très ancienne, qui fut notamment représentée par Paracelse, célèbre médecin, philosophe & théologien laïc suis
se, qui formula cette théorie en une phrase très succincte : « similia similibus curantur » – autrement dit « les semblables soignent les semblables ».
(On retrouve d’ailleurs cette même théorie dans l’homéopathie !)
Celle-ci repose sur l’idée que la nature est une messagère, sinon une entité divine, qui traduit sa volonté & ses conseils au travers des végétaux qui nous entourent.
Nous n’aurions qu’à observer pour entendre & comprendre ce message.
Ainsi, chaque plante dès sa conception, dans sa forme, sa couleur & ses attributs, indiquerai aux Hommes son utilisation.
L’Homme est sujet aux maux, mais il peut trouver dans la nature tout ce dont il a besoin pour survivre, & surtout guérir.
Des remèdes antioxydants, dépuratifs, antipoison bref, une véritable pharmacie à la disposition de tous.
« Tout ce que la nature enfante, elle le forme selon l’essence de la vertu qui lui est inhérente » – Paracelse
C’était de cette manière que les anciens comprenaient la nature & pratiquaient la phytothérapie. Sans connaissance scientifique, ils s’appuyaient sur leurs expérimentations, ainsi que leurs sens pour connaître les propriétés de chaque plante.
Pour comprendre cette théorie, il suffit de s’appuyer sur des exemples concrets : Quelques exemples de la relation plante-organe :
L’exemple le plus parlant est celui du cerneau de noix : en effet, si l’on regarde bien, celui-ci s’apparente au cerveau humain ; les anciens associaient donc la noix à des vertus bénéfiques pour notre organe cérébral. De nos jours, des études scientifiques ont confirmé cette théorie : en effet, la noix aurait la capacité d’augmenter notre taux de sérotonine, l’hormone responsable de notre humeur, & donc par résonnance reliée à notre appétit, notre sommeil…
Il existe de nombreux autres exemples qui nous montrent le lien entre les plantes & nos organes :
Pulmonaire officinale (pulmonaria officinals) : cette petite plante dont les feuilles, en forme de poumon, & tachetées évoquent la forme des alvéoles pulmonaire, est bel & bien reliée à notre système respiratoire : en effet, elle a la capacité de traiter les affections respiratoires & pulmonaires.
– L’hépatique à trois lobes (Hepatica nobilis)
Soupçonnée d’agir sur les affections du foie en raison de la forme de ses feuilles semblables aux lobes du
foie, la science confirmera encore une fois cette propriété.
– La vipérine commune (Echium vulgare)
Réputée pour guérir des morsures de serpents venimeux, ses graines ayant une ressemblance avec la tête d’une vipère, cette plante à bel & bien une action antivenimeuse.
Certaines plantes sont aussi associées à des organes grâce à leur couleur : – La pimprenelle (Sanguisorba officinalis) :
On pensait que sa couleur rouge faisait d’elle une plante capable d’absorber le sang : or il s’avère qu’elle possède bien des capacités hémostatiques
– Le bleuet (Centaurea cyanus) :
Sa couleur bleue lui attribue des propriétés sur les affections oculaires. Sa ressemblance peut également être associée à l’iris.
Les plantes à latex quant à elles étaient réputées pour favoriser la production de lait, de sperme, & favoriser la fertilité, tout en luttant contre tous les écoulements purulents (type peste par exemple).
Il en est de même pour les plantes à résine censées favoriser la cicatrisation (dûe à la solidité de la résine/du tronc). Les plantes pubescentes (à feuille ou tige garnie de poils) étaient recommandées pour traiter la calvitie. Les lamiacées sont proposées contre la fièvre quarte (une forme de paludisme), car leur tige est à section carrée.
Enfin, de nombreuses plantes « phalliques » ont pu avoir une réputation aphrodisiaque, comme le saucissonnier en Afrique ou l’asperge en Europe.
L’exemple le plus probant de cette théorie reste la découverte du pasteur Edward Stone : Au XVIIIe siècle le pasteur Edward Stone fait le raisonnement suivant : le saule blanc, qui pousse dans les prairies inondées et les marécages doit guérir les fièvres et les rhumatismes provoqués par l’humidité.
Il extrait de l’écorce du saule (déjà connue depuis l’antiquité) une poudre blanche, d’où sera isolée plus tard l’acide salicylique, précurseur de l’aspirine.
La théorie des signatures : encore une crédibilité aujourd’hui ?
La théorie des signatures fait partie intégrante de l’approche phyto-thérapeutique en naturopathie : elle s’appuie sur la même forme de raisonnement que l’holisme – prendre les choses globalement & non pas individuellement, observer, afin d’offrir un accompagnement le plus large & global possible.
La connaissance des plantes a été acquise par des millénaires d’expériences alimentaires et sensorielles (odorat, goût, vécu corporel après ingestion…). De là
viendrait par exemple l’idée d’un médicament d’autant plus efficace qu’il est désagréable, à l’image des plantes amères et astringentes.
Cette connaissance fut nécessaire à la construction de notre base de connaissance scientifique sur le sujet, & permit aux être humains de s’intéresser de près à la phytothérapie.
La signature serait ainsi un moyen mnémotechnique au sein d’un savoir encyclopédique médiéval fait d’accumulations mal ordonnées, favorisant la conservation et la transmission du savoir dans ces sociétés. Elle aurait donc été ainsi pendant des siècles, un moyen pour « reconnaître la plante active et donc de se la procurer, en limitant au maximum les risques d’erreur2 » ; notamment par rapport aux plantes toxiques.
Mais au-delà de cette approche empirique, la signature fait également écho à un lien plus profond, plus spirituel. Pour Paracelse, c’est l’émanation du divin qui fonde cette théorie : Le monde n’est pas seulement une « signature » de Dieu ; l’homme porte également en lui une signature qui lui permet d’accéder à la révélation de toutes les autres, notamment celle des plantes. Là où les logiciens voient un principe d’analogie, les paracelsiens voient un principe d’identité dans un jeu de miroir sans fin. De là naît le simili similibus curantur ou guérison par les semblables.
Ce principe d’identité occulte sera critiqué, entre autres par Francis Bacon ou Voltaire, et finalement rejeté du monde universitaire vers la fin du XVIIe siècle.
On constate cependant de jolies similitudes entre l’Homme & les plantes, mais aussi, entre l’Homme &…le cosmos !
En effet, selon certains scientifiques, la structure de L’univers serait semblable à celle du cerveau humain3 : la toile cosmique & la toile des neurones se ressemblent ! Ou encore cette image, réalisée à l’aide d’une échelle logarithmique de Pablo Carlos Budassi4 qui ressemble étrangement à … une iris humaine !
Aujourd’hui bien qu’inutile aux yeux de la science, cette théorie reste malgré tout un précurseur important de notre connaissance scientifique & phyto-thérapeutique, ainsi qu’une belle invitation à l’observation du monde qui nous entoure : s’arrêter, observer la nature, le cosmos, s’y connecter, & se sentir comme faisant partie d’un tout, c’est à cela que nous invite, la théorie des signatures.
Auteure : Chiara PORTE HAQUIN, étudiante au CMDQ
1 https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_signatures
2 Wikipédia – La théorie des Signatures
3 Article publié dans la revue « Frontier in Physics »
4Sciences et Avenir n° 869-870 daté juillet-août 2019.
Achouch Abderrahmane says
La théorie des signatures: Magnifique article! un plaisir, un bonheur! Magnifique parce que par une baguette magique vous nous ramenez sur Terre, dans cette Nature aux secrets infinis mais que nous n’observons pas assez. Oui, nous sommes un tout, nous sommes liés tout en étant libre nous mêmes. Quelle générosité de la part de mère Nature. C’est un bonheur aussi parce que vous nous ramenez à la nature que nous sommes et donc à ce qu’il y a de plus essentiel en nous, LA VIE. Lorsqu’il s’agit de Divine Nature, on n’a pas besoin d’expérimenter à tout bout de champs. L’observation, elle-même est une preuve! car tout est là, il suffit d’Être pour voir la relation « Plante- Organe ». La relation « Plante- Organe – Conscience » est-elle un secret qui mérite méditation. Je pose la question.
Chiara PORTE HAQUIN, la théorie des signatures est un gâteau bio. Alors Bravo et merci!